Dans le cadre du projet OCTAVE, une série de mesures de concentrations de COV a été obtenue entre Octobre 2017 et Novembre 2019 à l’observatoire du Maïdo à La Réunion. Ces données sont utilisées pour mieux comprendre et quantifier les pertes et les sources de COV dans une région tropicale isolée.
Des panaches de feux de biomasse africains atteignent le site isolé
Les panaches de feux de biomasse en provenance d’Afrique ou de Madagascar peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air à La Réunion. Parfois, ces panaches sont visibles à l’œil nu sous la forme d’une brume brune autour de l’île et ils sont rapportés dans les médias locaux
- Un voile brumeux plane sur La Réunion - Imaz Press Réunion (8 August 2019)
- Incendies en Afrique : les Hauts de La Réunion particulièrement impactés - Imaz Press Réunion (9 August 2019)
Des chercheurs de l’IASB ont sélectionné six intrusions de panache se déroulant en août 2018 et août 2019 afin de caractériser leur composition chimique et leur impact sur la qualité de l’air au-dessus de l’Océan Indien.
Identification de lacunes dans la connaissance actuelle
Deux indices de sources manquantes ont été identifiés en analysant les mesures de COV ainsi que des mesures de routine du monoxyde de carbone (CO), des oxydes d’azote (NOx) et de l’ozone troposphérique.
- Les concentrations d’acide formique se sont révélées 5 fois plus élevées que celles rapportées dans la littérature. Ceci indique que ce composé est produit à l’intérieur du panache au cours du transport vers La Réunion, mais le mécanisme de formation reste inconnu.
- Le service de surveillance de l’atmosphère (CAMS), qui fournit des données sur la composition atmosphérique, sous-estime les concentrations d’ozone, surtout dans les panaches jeunes. Ceci est lié à une sous-estimation encore incomprise des concentrations de NOx, le deuxième précurseur essentiel dans la formation d’ozone troposphérique.
Transport des panaches de feux de biomasse
En utilisant des modèles de transport atmosphérique, nous avons pu démontrer que les panaches de feux de biomasse provenant d’Afrique sont transportés à haute altitude dans l’atmosphère et arrivent à l’Observatoire du Maïdo en environ 7 à 14 jours.
On estime que les concentrations d’acétonitrile, d’acétone, de benzène et de méthanol sont augmentées d’un facteur 1.25 à 2 dans ces panaches par rapport à l’atmosphère environnante au-dessus de l’océan. Ceci démontre le potentiel de mesures simultanées obtenues au-dessus de l’océan (avec des instruments embarqués sur un bateau) et à l’Observatoire du Maïdo pour mieux estimer les interactions entre l’océan et l’atmosphère. Ceci est particulièrement intéressant pour l’acétone et le méthanol, molécules pour lesquelles le rôle de l’océan en termes de puit ou de source est encore incertain.
Références
Verreyken, B., Amelynck, C., Brioude, J., Müller, J.-F., Schoon, N., Kumps, N., Colomb, A., Metzger, J.-M., Lee, C.F., Koenig, T.K., Volkamer, R., and Stavrakou, T. (2020). Characterisation of African biomass burning plumes and impacts on the atmospheric composition over the south-west Indian Ocean, Atmospheric Chemistry and Physics, 20(23), 14821-14845. https://doi.org/10.5194/acp-20-14821-2020